Vidéo de la rencontre du 20 mars 2012 avec Haneen Maikey et Ramzy Kumsieh

Combattre le Pinkwashing : Au cœur du mouvement queer arabe

Nous publions aujourd’hui une vidéo sous-titrée de la rencontre-débat avec Haneen Maikey et Ramzy Kumsieh sur le militantisme queer en Palestine et le pinkwashing. Ces militant•e•s palestinien•ne•s sont membres de l’association Al-Qaws pour la diversité sexuelle et de genre dans la société palestinienne, et participent activement à la campagne Palestinian Queers for BDS. Cette rencontre a eu lieu le 20 mars 2012, et nous publions la vidéo maintenant après avoir coupé la traduction en directe et avoir ajouté des sous-titres. Le débat avec le public n’avait pas pu être enregistré malheureusement.

Impérialisme et production des sexualités : Rencontre-débat avec Joseph Massad

le 17 octobre 2012 à 20h – Au Reid Hall, 4 rue de Chevreuse, 75006 Paris – M° Vavin, RER Port-Royal

Il est de plus en plus clair qu’après avoir investi la lutte pour les « droits des femmes », l’impérialisme se saisit aujourd’hui amplement de la « lutte contre l’homophobie ».
C’est dans ces termes que des campagnes destinées spécifiquement à la communauté gay et lesbienne en Occident, et menées depuis 2005 par des organismes liés à l’état d’Israël, tel que Stand With Us, décrivent cet état comme une démocratie sexuelle achevée, pour mieux justifier ses politiques coloniales et racistes. C’est aussi au nom de la « défense des droits des homosexuels » que l’Iran, principale cible de l’offensive américaine sur le Grand moyen orient, est dépeint comme un « État voyou ». Hillary Clinton, dans son discours à Genève en décembre dernier, assurait les personnes LGBT du monde entier que l’administration Obama et les États-Unis d’Amérique étaient leurs alliés.

Ces politiques à l’international s’accompagnent à l’intérieur des États occidentaux par une vaste campagne à l’encontre des descendant•e•s de colonisé•e•s, qui sont désigné•e•s comme globalement sexistes et homophobes. Dans ce contexte, l’internationalisation des luttes contre l’homophobie, et les campagnes de « solidarité » menées par des groupes LGBTQ occidentaux contribuent à recréer sur ces nouvelles bases le partage raciste entre les « civilisé•e•s » et les « sauvages », entre un « nous » détenteurs du « progrès » et un « eux » porteurs de valeurs rétrogrades et barbares.

Joseph Massad est l’un des rares universitaires à avoir su renverser la problématique portée par cette offensive, en déconstruisant un principe de base de ce discours : l’universalisme des identités sexuelles homo/hétéro.

En 2002, à l’heure du backlash islamophobe et raciste post-11 Septembre aux États-Unis, Massad a écrit un article qui a scandalisé une large partie de la communauté académique et de nombreux groupes LGBTQ occidentaux. L’article de Joseph Massad – complété en 2007 par un livre intitulé Desiring Arabs – va à rebrousse-poil de la doxa de ce qu’il appelle “l’Internationale Gay”. Les groupes qui veulent « sauver » les « gays et lesbiennes arabes » assimilent souvent la diversité des pratiques érotiques entre personnes de même genre à de l’homosexualité. Massad montre comment les identités homosexuelles et hétérosexuelles ont émergé en Occident, pour être par la suite imposées aux pays arabes, englobant les pratiques homoérotiques existantes jusque là dans la région.
Dans cette perspective, les « solidarités » auxquelles se livrent les organisations internationales ne peuvent se fonder que sur une tentative d’imposer des catégories sexuelles occidentales qui provoque en réalité l’hétérosexualisation de sociétés qui ne l’étaient pas forcément. On le voit, la démarche de Massad remet profondément en cause l’activisme des mouvements LGBTQ occidentaux à l’échelle internationale.

Joseph Massad est un Palestinien de Jordanie, ancien élève d’Edward Saïd, aujourd’hui professeur associé à l’université de Columbia. Son livre majeur, pourtant discuté de par le monde, n’est toujours pas traduit en français. L’espace académique francophone, quant à lui, ne semble pas avoir envisagé de réquisitionner son travail et encore moins de l’inviter en personne. Nous n’avons pu compter que sur des moyens militants (collecte, repas de soutien) pour pouvoir enfin entendre sa voix à Paris.

Rencontre-débat avec Joseph Massad
le 17 octobre 2012 à 20h
Au Reid Hall
4 rue de Chevreuse, 75006 Paris
M° Vavin, RER Port-Royal

N’oubliez pas de venir nombreux et nombreuses ce même jour au rassemblement commémorant les massacres du 17 octobre 1961 (à l’appel du Collectif 17 octobre), Pont Saint-Michel à 18h.

Au cœur du mouvement queer arabe : défis et opportunités

par Lynn Darwich et Haneen Maikey

[Nous republions ici la traduction en français d’un texte de Lynn Darwich et Haneen Maikey, publié initialement en Octobre 2011, et qui avait été traduit, imprimé et distribué à prix libre par le Front du 20 mars à l’occasion de la rencontre-débat avec Haneen Maikey et Ramzy Kumsieh “Résister au Pinkwashing : au cœur du mouvement queer arabe”, qui a eu lieu le 20 mars 2012 à Paris.]

[Le texte original avait été publié en arabe sur Qadita :
من قلب تجارب النشاط المثلي العربي: فرص وتحديات
et il est également disponible en anglais sur Bekhsoos :
From the Belly of Arab Queer Activism: Challenges and Opportunities ]

Introduction

Depuis peu, un murmure se fait entendre parmi les militant•e•s LGBT arabes : il s’élève contre une certaine « tendance » dont le discours critique irait trop loin, notamment quant à toutes les questions relevant de nos stratégies organisationnelles en tant que mouvements queer/LGBT dans les sociétés arabes, quant à notre rapport à l’ « Occident » et au caractère hégémonique des expériences occidentales dans les méthodes d’organisation LGBT, et quant à l’adéquation de nos stratégies avec nos environnements sociaux, culturels et politiques, et en regard du défi incessant qui consiste à faire le lien entre notre réflexion et nos pratiques sur le terrain. Toutes ces questions ont été réduites à un discours qui n’aurait en réalité qu’une seule préoccupation et un seul et unique objectif : combattre l’Occident. Ce débat a gagné en ampleur à l’occasion de la publication de ce type d’analyses et d’expériences par des militant•e•s, et ce en Arabe, notamment sur Bekhsoos et dans la rubrique Queeriyat de Qadita.net.

Nous écrivons sur nos expériences militantes dans ce domaine afin d’institutionnaliser et développer le discours que nous élaborons au niveau local. Nous ne le faisons pas seulement pour des raisons pédagogiques, mais aussi parce que nous avons conscience de l’importance du partage d’expériences et qu’il s’agit désormais d’ouvrir la voie à des débats tant au niveaux local, régional qu’international. Ces débats, tels que nous les entendons, se basent en grande partie sur des processus d’autoréflexion (individuelles ou collectives) et sur les différentes façons que nous avons d’envisager les luttes queer et LGBT. Plus important encore, elles se basent sur la manière dont nous percevons et vivons notre position de militant•e•s queers et LGBT dans nos sociétés.

Nous espérons montrer ici que le développement de cette analyse est le résultat de dix années de diverses expériences sur le terrain qui ont appuyé une critique et un refus des structures de pouvoir et de domination basées sur la race, la sexualité, le genre, la classe (telle que l’entend la théorie féministe) et sur l’analyse, portée par une passion pour l’égalité (queer), des limites des modes d’organisation LGBT basés sur l’identité. En dehors de notre entêtement à définir, avec nos propres mots, et à rendre accessible un discours souvent caricaturé ou mal interprété, nous voudrions aussi répondre à certains défis qui nous font face alors que nous exprimons nos principes et nos positions dans les débats actuels sur les stratégies et les cadres d’organisation basés sur le genre et les sexualités.

Repas de soutien : nourrir le débat féministe

à la Rôtisserie, le 19 juillet à partir de 19h30. 4 Rue Sainte-Marthe, 75010 Paris M° Belleville, Goncourt ou Colonel Fabien

Un large débat en cours questionne l’universalité des stratégies d’action et de politisation des mouvements féministes et « LGBT ». C’est une discussion qui se mène en Europe, mais également bien au-delà, et qui met aux prises chercheurs et chercheuses, militant·e·s, associations et organisations. Elle pose des questions tactiques et stratégiques de plus en plus pressantes : il est par exemple notable que les politiques nationalistes et racistes accompagnent et se nourrissent de campagnes de solidarité internationale initiées par des organisations « LGBT » et féministes.

Femmes, féminisme et islam : Décoloniser, décloisonner et renouveler le féminisme

par Zahra Ali

[Nous publions ici un texte de Zahra Ali qui avait été imprimé et distribué à prix libre à l’occasion de la rencontre-débat avec Zahra Ali sur les féminismes islamiques qui a eu lieu le 9 juin 2012.]

[Mise à jour : Pour voir la vidéo de la rencontre c’est par ici.]

Il faudrait vraisemblablement commencer toute énonciation associant les termes « femme » et « islam », par la déconstruction de la pertinence d’un tel sujet. Traiter de la question de « la femme en islam », s’interroger aujourd’hui sur « le statut » des femmes musulmanes est le fruit d’une élaboration historique. On ne s’interroge pas aussi fréquemment sur les « femmes dans le judaïsme », on ne voit pas écrit ici et là le thème des « femmes en chrétienté ». Or, il est certain qu’il ne s’agit ni de la nature des Textes sacrés juifs et chrétiens, et encore moins des conditions de vie des femmes chrétiennes et juives qui varient considérablement selon qu’elles vivent au Nord ou au Sud. Dès lors, il saute aux yeux que seules les musulmanes sont désignées par leur religion, c’est-à-dire qu’on impute à l’islam une influence fondamentale sur leur condition de vie. Plus largement, on désigne par le vocable de « monde musulman » cet ensemble de pays, de langues et de cultures très différentes et qui s’étendent sur plusieurs continents. Parler de « monde musulman » et de « femme en islam » semble relever d’une évidence et avoir une résonance à la hauteur des idées reçues et des préjugés sur l’islam et les musulmans. Faisant fi de la diversité et de la complexité sociologiques des sociétés majoritairement musulmanes, mais aussi des facteurs socio-économiques et historiques, beaucoup considèrent que l’islam serait la cause fondamentale du « sous-développement », de « l’archaïsme », et du « retard » du « monde musulman ». La preuve la plus évidente en serait l’inégal « statut » de la femme musulmane – au singulier bien sûr car les musulmanes se ressembleraient toutes – qui témoignerait de l’obscurantisme régnant dans ces sociétés.

Féminismes Islamiques : Rencontre-débat avec Zahra Ali

Le samedi 9 juin 2012 de 16h à 18h, au 3 passage Kracher, 75018 Paris (salle du bas), M° Simplon

« La femme en islam », son « statut » font l’objet d’une réquisition permanente – et des plus fallacieuses – pour servir l’agenda raciste et impérial, sur le territoire national comme à l’échelle internationale.

L’argument de l’émancipation et de la libération des femmes musulmanes a joué un rôle central durant la colonisation : un féminisme colonial a largement pris à son compte la « mission civilisatrice » à l’œuvre dans les colonies, coude à coude avec les autorités militaires et impériales. Les termes de la « bataille du voile » décrite par Edward Saïd et Frantz Fanon résonnent aujourd’hui comme un terrible écho.

Combattre le Pinkwashing : Au cœur du mouvement queer arabe

Rencontre-débat le mardi 20 mars 2012 à 19h au Vieux-Saumur 1er étage, 10 rue de Belleville, 75020 Paris (M° Belleville)

Un repas de soutien à la Rôtisserie nous a permis de largement financer la venue exceptionnelle de Haneen Maikey et Ramzy Kumsieh

Ces militant•e•s palestinien•ne•s sont membres de l’association Al-Qaws pour la diversité sexuelle et de genre dans la société palestinienne, et participent activement à la campagne Palestinian Queers for BDS (appel de la société civile palestinienne au boycott, au désinvestissement et aux sanctions contre l’apartheid et l’occupation de la Palestine).